9 mouvements pour une cavale

9 Mouvements pour une Cavale

Vendredi 28 septembre 2018 à 20h
Samedi 29 septembre 2018 à 20h

A partir de 12 ans

Par la compagnie Le Désordre des Choses
De Guillaume Cayet, par Fleur Sulmont, Mise en espace d'Aurélia Lüscher

Le 20 mai 2017, la veille du jour de l'élection présidentielle, Jérôme Laronze, 36 ans, éleveur d'une centaine de vaches en Saône et Loire dans le petit village de Trivy, est abattu par la Gendarmerie. Celle-ci a tiré 6 fois pour l'arrêter dans sa fuite au volant de sa Toyota. Le drame est passé largement inaperçu. Depuis 9 jours, l’éleveur était recherché, parti en cavale suite à un un contrôle sanitaire ayant mal tourné. Aucune agression sur les gendarmes, aucune menace, juste une fuite, un épuisement de la part du paysan. En ressort un drame mettant à jour les spirales de l’agriculture et de l’Europe, ainsi qu’une bavure policière.

Cet événement marquant suit la trajectoire d’écriture de Guillaume Cayet, auteur de Dernières Pailles, texte traitant de la paysannerie et paru aux Éditions Théâtrales en 2016. Après deux semaines d’interviews en octobre 2017, menées avec l’agriculteur biologique Jean-Paul Onzon, en Auvergne, dans le bassin riomois, Guillaume est mis au courant de cet événement. Mêlant violences concrètes et fiction poétique, il décide d’écrire sur cet événement encore ignoré dans les médias. S’ensuit des échanges avec l’agriculteur auvergnat Jean-Paul Onzon et avec la soeur de Jérôme Laronze, Marie-Pierre. Ce texte retrace les 9 jours de cavale de Jérôme tentant de mettre à jour les paradoxes de l’agriculture et les lois européennes non adaptées aux petites exploitations.

[...] je suis désolée mais je n’y peux rien c’est la réglementation c’est comme ça pas la peine de je veux dire me regarder comme ça je ne suis pas je veux dire quelqu’une qui vous veut du mal pas la peine vos yeux comme ça de les tenir devant moi j’ai l’autorité vous avez la haine [...] qui gagne? [...] vos bêtes doivent être envoyées à l’abattoir rassurez vous pas toutes juste celles non tracées celles sans identité vos migrantes là non certifiées [...] il nous faut des labels sûrs un terroir labellisé [...] il va falloir s’en débarrasser ne rien valoriser [...] vous ne pouvez pas vendre de la viande sans papier il existe des frontières administratives vous comprenez avec l’Europe les accords les multinationales il existe des règles c’est dicté plus haut d’en haut c’est comme ça pour la compétence vis à vis de l’Europe vous comprenez l’Europe vous devez comprendre chevauchant son taureau vous comprenez l’Europe est dessus [...] le taureau elle est sur lui [...] elle n’en a rien à foutre de vos limousines ce qui compte c’est la façon dont vos limousines conduisent le progrès de l’Europe vous comprenez Europe chevauche les paysan.ne.s alors vos limousines sans papier les frontières il n’y a que les oiseaux qui les traversent mais vous n’êtes pas du ciel vous [...] vous auriez voulu l’être peut-être [...] moi astronaute et vous le ciel ça nous fait une belle jambe parce que terrien.ne vous comme moi qui suis du contrôle dans l’administration sanitaire les deux pieds dans le lard du monde [...] quelque chose comme ça qu’elle avait dit la dame du contrôle sanitaire dû dire quand elle était venue la fois de trop avec ses amis contrôleurs et quelques militaires des gendarmes du coin [...] ce n’était pas le premier non contrôle ce n’était pas le premier contrôle il y en avait eu d’autres d’autres avaient eu lieu plus tôt quelques années durant une dizaine à tout compter [...] cette fois-ci c’était déjà trop tard [...]

Extrait du texte, Guillaume Cayet

Guillaume Cayet
Auteur

Né en 1990 à Angomont, un petit village lorrain perdu au carrefour de la Meurthe-et Moselle et des Vosges, Guillaume Cayet intègre le département écrivain dramaturge de l’Ensatt à Lyon après des études universitaires et théâtrales à Metz et à Nancy. En 2014, il publie aux éditions Théâtrales son premier diptyque, Les Immobiles / Proposition de rachat, dont le premier volet est lauréat des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre. Puis il poursuit sa recherche sur les territoires ruraux avec son triptyque Retourner l’effondrement dont les deux premiers volets, Une commune et Dernières pailles, ont paru en 2016, et dont le troisième, La terre se dépose au fond, est à paraître en 2018. Cette recherche le mène également en 2016 à la coréalisation du film documentaire États généraux en Lorraine avec Jules Audry, Aurélia Lüscher et Janice Szczypawka. En 2015, avec Aurélia Lüscher, il cofonde la compagnie Le Désordre des Choses avec laquelle il monte en 2017 B.A.B.A.R. (le transparent noir). Sortir de la nuit 1, et travaille à la suite de ce projet, La Comparution, sur les émeutes urbaines et les violences policières. Pour la metteuse en scène Julia Vidit, il adapte Le Menteur de Pierre Corneille, créé en octobre 2017 au Théâtre de la Manufacture - CDN Nancy-Lorraine. Il est dramaturge pour Le Monde renversé, une création collective du Collectif Marthe, autour de la chasse aux sorcières, créée en octobre 2017 au Théâtre de l’Usine (Genève). Avec le paysan en agri-culture biologique Jean-Paul Onzon, il réalise en novembre 2017 à la scène régionale Auvergne - Rhône-Alpes de Riom Nouveau Soleil / Terre primitive, un monologue qui intègre une série de courtes pièces, Le Tout-Pays, autour de la paysannerie contemporaine. En 2016-2017, une résidence hors les murs à Pont-Saint-Esprit de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon – Centre national des écritures du spectacle lui permet de se lancer dans l’écriture de son premier roman, Nos étranges (roman polyphonique rural). En résidence en 2017-2018 à Lunéville à la Méridienne - Scène conventionnée pour les écritures scéniques croisées, il est invité à écrire une pièce autour de la mobilité/ immobilité en milieu rural.

Fleur Sulmont
Comédienne

Fleur Sulmont sort du CNSAD en 2001. Dès sa sortie elle travaille avec Frédéric Sonntag sur les spectacles de la compagnie AsaNIsiMAsa (B. Traven, Benjamin Walter, George Kaplan, Les Shaggs, Sous-Contrôle, Nous étions jeunes alors, etc.). Elle travaille également avec Hédi Tillette de Clermont Tonnerre ( Le Roland, Marcel B), Joël Jouanneau (Jojo le récidiviste de Joseph Danan), Florent Trochel, Eric Da Silva, et d’autres metteur(se)s en scène, le plus souvent en lien avec une écriture contemporaine. Sa rencontre avec Jan Fabre lors de l’école des Maîtres en 2004 lui permet de découvrir une démarche plus corporelle, qu’elle tente d’approfondir et de mettre en pratique dès que possible grâce à des stages ou des work-shops (notamment avec Alban Richard). Depuis 2010, elle dirige régulièrement des ateliers de théâtre et d’art plastique avec des jeunes en difficulté dans le cadre d’un accompagnement social de la Mairie de Beauvais. Aujourd’hui elle poursuit cette démarche en animant des ateliers avec l’artiste Nancy Sulmont- Assié et Le Petit Jaunais. Depuis 2016, parallèlement à son travail d’interprète, elle assiste Odile Grosset-Grange dans la mise en scène de Le garçon à la valise de Mike Kenny , crée avec Jessica Buresi La colère des minuscules, un spectacle utilisant des extraits d'expertises psychiatrique et accompagne le jongleur Sylvain Julien dans la création de deux solo Monsieur O., et mOndes. En janvier 2018 elle met en scène Innocent.e.s texte de Guillaume Cayet avec Emmanuel Matte et Aurélia Lüscher, texte en itinérance dans les lycées.

Aurélia Lüscher
Mise en scène

Née à Genève en 1990, Aurélia s’inscrit au Conservatoire de Musique de Genève en filière art dramatique, sous la direction d’Anne- Marie Delbart. Elle passe en parallèle un Bac Internationale, philosophie et arts plastiques. Au conservatoire elle travail pendant trois ans ayant entre autres pour professeurs Hervé Loichemol, Jean Liermier, Jacques Maître et Patrick Le Mauff. Elle entre à l’école de la Comédie de Saint-Etienne en 2012, où elle travail avec Marion Aubert, Arnaud Churin, Claire Aveline, Arnaud Meunier, Simon Deletang, Caroline Guiela N’Guyen, Yann- Joël Collin, Alain Françon, Johanny Bert, Cécile Vitrand. Elle suit des cours de chant lyrique avec Myriam Djemour et des cours de connaissances théâtrales avec Olivier Neveux. Elle met en scène Le Sel de la vie, texte de Gaspard Liberelle, au sein de l’école de la Comédie de Saint-Etienne, joué en itinérance dans la région stéphanoise. Elle travaille en 2015-2016-2017 avec Christian Duchange, sur un texte de Catherine Anne, Sous l'armure. Elle joue en 2015-2016 dans Les Immobiles, texte de Guillaume Cayet avec la compagnie Le Désordre des Choses qu’elle crée avec l’auteur Guillaume Cayet. Elle créer le Collectif Marthe avec Marie-Ange Gagnaux, Clara Bonnet et Itto Medhaoui, leur spectacle Le Monde Renversé est choisi par Prémisses Production pour passé 3 ans de résidence au Théâtre de la Cité internationale à Paris. Elle joue dans B.A.B.A.R. (le transparent noir) mis en scène par sa compagnie Le Désordre des Choses. Elle joue avec Emmanuel Matte dans Innocent.e.s texte de Guillaume Cayet mis en scène par Fleur Sulmont.